TOOT Chalec

J'ai traversé le pont des Arts, récemment.
En approchant, je me suis souvenu des milliers de cadenas accrochés aux grillages, tout du long, et qui étaient devenus tellement lourds qu'il avait fallu remplacer ces grilles par des plaques de verre. J'ai aussi vu qu'il y avait des bouquets aux pieds des lampadaires qui sont sur chaque pile du pont. Ces fleurs aux couleurs vives étaient surprenantes, en plein hiver, mais je rêvais et j'ai regardé d'abord Paris, et les passants.

Les touristes étaient surtout intéressés par eux-mêmes. Préoccupés de faire une belle photo. Pour donner envie aux amis qui n'avaient pas pu faire le voyage, ai-je pensé un peu tristement. Puis tout à coup, j'ai vu ce que j'avais pris de loin pour des bouquets de fleurs : c'était des boucles, des colliers de cadenas de toutes les couleurs. Ils étaient revenus, maintenant accrochés au seul endroit où il était encore possible de les mettre, aux pieds des lampadaires, et il y en avait partout.

J'avais envie de parler avec les gens. Qui, parmi eux, se donne tant de mal pour obstinément créér et recréér ces fleurs de métal ? Pourquoi ?

Et cela m'a rendu fier de ma ville, de mon pays. J'ai repensé à l'amour de mon père pour Paris, à son rêve d'y faire connaitre les poètes Hongrois qu'il aimait et, bien sûr, d'écrire lui-même...
Lors d'une insomnie, cette émotion m'est revenue et j'ai écrit quelques vers. Puis je les ai mis en forme.